Endurance Passion 13
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Annecy-la-Bérézina

On l'a vu vêtu de noir mercredi, frustré par la débacle savoyarde. Mais déjà prêt à relever de nouveaux défis. Le coach revient avec clairvoyance et philosophie sur cette journée du 17 avril - 

 

Mauvais présages

 

Sommes-nous partis la fleur au fusil ou trop confiants pour aborder ce marathon ? le septième pour Monsieur BRUN et le troisième pour moi.

je ne pense pas, car des signes annonciateurs d’un échec prévisible étaient bien présents dans nos têtes dans les jours qui ont précédé ce fichu marathon.

Le Lyonnais, pourtant frais comme un gardon et affûté comme jamais ces dernières semaines, chuta de son escabeau et sur le dos, 10 jours avant la course.

En dépit d’une visite éclair chez l’ostéo l’avant-veille de la course, le moral n’était pas au beau fixe et les incertitudes nombreuses.

Oh, le coach, n’en menait pas large non plus, même s’il avait une chance unique de pouvoir finir devant son grand rival, même amoindri.

Depuis quelques temps déjà son pied fada et sa baisse de forme physique le tiraillaient ; son chrono désastreux de Cavaillon ne faisait que semer davantage le trouble dans sa tête.

Pourtant les objectifs étaient clairs : si on partait ce n’était pas pour faire de la figuration mais bien pour descendre sous la barre fatidique des 3h30 pour Francky, et moi pour améliorer mon chrono (3h43 l’an dernier).

 

nymphe ou sorcière ?

 

Le matin du marathon, tous les ingrédients étaient réunis pour réussir le coup du siècle : la météo était idéale (beau et frais), le parcours, on ne peut plus plat , l’organisation au top.

Seule fausse note, le coach sûrement trop stressé par l’événement ne retrouva pas le point de rendez-vous fixé la veille avec Monsieur Brun, si bien que les 2 compères prirent le départ séparément.

8h30, dans une ambiance de feu, les 3000 concurrents partirent pour la grande aventure.

Franck, tenta un coup de poker en se mêlant aux coureurs des 3h15 et boucla son semi en 1h43, le coach plus réaliste quant à ses capacités du moment, prit le départ avec le groupe des 3h30 pour achever la mi parcours en 1h45, soit 12km/h, temps honorable pour une course comme le marathon. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes à ce moment-là, je faisais la causette depuis une quinzaine de kms avec une jolie joggeuse stéphanoise, qui voulait battre son record du marathon de Marseille (3h49).

Elle me proposait même de poursuivre cette échappée avec moi en espérant pouvoir me suivre jusqu’à l’arrivée.

A partir du 22ème, je ne la revis plus, le petit faux plat doublé de l’accélération de la nymphe m’avaient laissé sur place, mes jambes étaient lourdes et une grande frustration de ne pouvoir m’accrocher à elle m’envahit.

Je venais de me rendre compte que j’avais couru au dessus de mon rythme et que la ruse de la nymphe avait bien fonctionné en m’écartant de sa route.

 

Jusqu’à la lie

 

Km 24, je comprends que les 18,195 kms restants vont être un supplice. Au 26ème, je vois pointer un maillot EP 13 ; malgré la fatigue qui me gagne, je sais que c’est celui de mon grand rival et néanmoins ami, le Lyonnais, qui est en perdition.

D’ordinaire, le rattraper m’aurait procuré un plaisir intense et permis de me sublimer pour la suite de la course ; là, il n’en fut rien, bien au contraire, parvenu à ses côtés, je marche avec lui, partageant ses souffrances physiques multiples.

Lorsqu’il m’annonça sa volonté d’abandonner, mon rôle de coach eût été de le remotiver , rien de tout cela, nada, il m’est même venu à l’esprit de l’accompagner dans la voiture-balai, plus par lâcheté que par solidarité !

C’est même lui qui me poussa à continuer, au pire par sadisme au mieux par compassion pour son coach.

Km 27 , les premières douleurs apparaissent, mon pied fada commence à me faire souffrir, mes jambes sont lourdes, j’ai même l’impression à un moment donné d’avoir marché sur un chewing-gum, enfin deux, tellement j’ai du mal à soulever les pieds.

Km 30, une crampe au mollet droit me tétanise, et à partir de là, je marche 300 mètres, je m’étire et je recommence à trottiner pour boucler péniblement chaque km.

Km 35, je suis épuisé, la tête tourne, la nausée fait son apparition à cause de la chaleur sans doute. J’ai du mal à faire le compte à rebours des kms restants…

Enfin, nous entrons dans Annecy, la foule me crie : « allez Marco (mon prénom était écrit sur mon dossard), c’est fini ! » Tu parles, il reste encore plus de 2 kms interminables.

A 1 km de l’arrivée ma femme et ma fille courent à mes côtés mais je n’en peux plus, je marche encore puis dernière ligne droite, je fais mine de courir pour en terminer en 3h57 et quelques secondes.

 

A qui le tour ?

 

Malgré ces souffrances, Franck et moi reviendrons sur Marathon plus forts et plus expérimentés ;

2 choses à retenir : bien être préparé et savoir bien gérer sa course. Les coups de poker ne marchent pas sur marathon.

Je souhaite aux futurs néo-marathoniens de découvrir la course reine, qui est difficile, mais fabuleuse.

 

Les 2 EPapis 13

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Commentaires: 10
  • #1

    La jeunette (vendredi, 22 avril 2011 10:19)

    Après ce commentaire, vous voulez toujours faire un marathon les novices???
    Je suis contente d'avoir encore l'excuse de l'âge pour ma part...

  • #2

    Le néophyte (vendredi, 22 avril 2011 11:35)

    pourquoi vous courez si c'est pour souffrir autant ?

  • #3

    Arlette (vendredi, 22 avril 2011 12:07)

    Je n'y comprend plus rien. Où est passé l'objectif ?

  • #4

    le survivant (vendredi, 22 avril 2011 12:55)

    qui a parlé de souffrance ? ce fut un réel plaisir d'y participer malgré les apparences

  • #5

    Nefertiti en convalescence (vendredi, 22 avril 2011 15:25)

    Ouaouhh!!!Je suis carrément impressionée, ton récit est fabuleux, je savais qu'il fallait beaucoup de courage (et de préparation, l'un et l'autre n'étant pas tout à fait inversement proportionnels!). Je doute encore un jour d'avoir suffisamment des 2.
    A bientôt

  • #6

    Monsieur Brun (vendredi, 22 avril 2011 18:05)

    Message d'encourageùment à nos néophytes :

    Le marathon est la plus belle distance qui soit et notre experience d'Annecy ne doit en rien vous décourager.
    Il suffit d'être suffisamment humble dans l'objectif pour pouvoir en savourer l'arrivée dans toute sa dimension et le plaisir qu'elle vous procurera.
    Au delà d'un certain nombre de marathons, le niveau d'exigence augmente et nous amène à prendre plus de riques sur l'allure moyenne à adopter dès le début de la course pour améliorer les chronos. Dans ce cas là, le risque est de ne pas arriver à finir est important et le coup de barre arrive toujours sans prévenir vers le 30ème km.
    Pour ma part, j'en suis au 2ème abandon sur 7 marathons , toujours à cause d'une prise de risque sur l'allure moyenne décalée avec le niveau de forme du moment.
    ça fait partie du jeu et conforte notre experience et envie d'y revenir.

  • #7

    marco (vendredi, 22 avril 2011 19:57)

    merci Véro ma belle, quand tu seras à nouveau sur pied on s'entrainera en conséquence pour que tu sois au top le jour J.
    Avec la volonté que tu as ne je doute pas un instant de ta bonne récupération et de ta future réussite.
    Gros bisous et courage

  • #8

    La curieuse (mercredi, 27 avril 2011 10:40)

    En rouge, la fameuse diabolique dans son costume de nymphe ?

  • #9

    le témoin (mercredi, 27 avril 2011 11:47)

    non même pas car ce cliché a été pris à l'arrivée, et la nymphe était déjà douchée depuis un moment puisqu'elle a franchi la ligne en 3h32 ie 25 minutes avant moi !!!

  • #10

    alain (jeudi, 28 avril 2011 08:37)

    Carrément inquiétant (mais néanmoins drôle au second degré) ce récit par Marco ! Eh oui, on ne peut pas s'accrocher à une femme qui veut prendre le large... Pour les futurs marathons le coach va-t-il encore parvenir à assurer les entraînements et à faire le tour du parc Borely ? Ne souffre-t-il pas d'une forme sub fulminante et accélérée de vieillissement ?