Endurance Passion 13
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Témoignages de la bande des 7 del maratona di Firenze

Six courts-métrages et un long-métrage en partie censuré (mais vous pouvez demander l'intégralité du texte à l'intéressé si vous le souhaitez).

Nous débutons par le témoignage du poète de la bande : Gégé

 Gégé

Dans le creuset de l’art flamboyant florentin sept paires de gambettes eupétreiziennes ont cheminé cahin-caha (plutôt caha) tout au long de la ‘’ ligne idéale ‘’ en ce dimanche automnal.


Sous une météo clémente et sur un terrain roulant parsemé de quelques pavés patinés par les pas de Botticelli et de ses disciples, notre spécialiste féminine du trail a vaillamment aspiré notre petit groupe (sauf un élément qui a craché ses poumons à mi-parcours) jusqu’à la Piazza Santa Croce. Médaille au cou les finishers ont regagné leurs pénates  dans les pas hésitants d’un coach quelque peu déconfit par sa prestation avec en ligne de mire les agapes finales chez Zà - Zà .

Totof 

Bon,

Encore un grand et LONG moment dans une ville très jolie et des italiens très sympas.

Je ne vais pas vous raconter que je me suis épanoui sur le plan sportif , c’est même tout le contraire , une vraie galère avec jamais le moindre plaisir

Par contre sur le plan humain il n’y a rien de plus fort , c’était un vrai moment de partage avec les coureurs mais surtout la bande EP13 toujours soudée et attentionnée avant pendant et après la course


Au départ ,Un coureur qui était devant moi avait écrit sur son maillot : '´Le marathon 30km con le gambe , 10km con la testa  ,2 km con il cuore et 195 M con le lacrime '´

J’aurais tant aimé connaître ça.

Moi c’était 35km avec mes jambes et 7km 195 avec mes crampes

Ah que les pavés de Florence sont beaux !! ....

A l’arrivée j’ai dit au Coach plus jamais ça, je ne suis pas fait pour ce type de course

La colère passée je le pense toujours, je vais me contenter de semi et peut être qu’un jour

j’irai jouer dans la cour des grands

Arrivederci

Véro 

Au risque de faire un récit sans la verve à laquelle nous ont habitués nos journalistes et autre ogre, je me lance…


Nous étions finalement plus que sept à partir pour l’aventure florentine, après de multiples défections, sept oui mais encore moins nombreux en forme (GG bien sûr au-dessus du lot). Nous nous sommes retrouvés pour un premier briefing (et dernier au complet puisque nous avons perdu Stéphan en chemin) samedi midi…Un après-midi ensuite bien chargé pour visiter au pas de course (ou plutôt en stoppant tous les 15 minutes pour se recompter) la belle cité. Et puis le soir, un bon plat de pâtes accompagné soit de bière soit de vin toscan pour les filles.


Le matin du dimanche, je me lève avec une appréhension (pas l’angoisse habituelle d’un matin de course), je vais avoir du mal à finir avec cette douleur sciatique qui me lance, c’est sûr. Mais mon coach prévenant (ou prévoyant) me propose de le courir ensemble, et du coup ça va mieux.


On se dirige donc à 6 (toujours pas de stéphan) vers le départ. Marco, Nat et moi prenons le départ ensemble, allure habituelle. On perd Nat au premier ravitaillement. Et nous voilà tous les deux. Après quelques soucis pour se retrouver (arrêt de Marco et cerveaux mal accordés) nous passons le premier semi assez sereins. Quelques kms après, ça n’est pas mon genou ou ma cuisse qui lâche mais le mollet de Marco. Nous avons donc ralenti, puis ralenti et finalement marché. Un sursaut de force vers 35kms pour rejoindre Philippe, et puis non on n’y arrive pas, on le laisse partir…


On finit par boucler ce marathon en 4h23, fatigués…On retrouve les autres, heureux d’en avoir fini eux aussi, et Stéphan le soir finalement pas perdu…


A quand le prochain marathon ?

Phil 

Mais que dire de plus qu'une expérience formidable avec des personnes toutes aussi formidables ......

Un pur moment de bonheur et de souffrance ... et puis aux environs du 35eme KM une voix douce retentit .... Philippe, Philippe

Sans jamais penser à aucun moment pouvoir être aussi célèbre à plusieurs centaines de KM de chez moi, je continuais mon chemin....

Quand soudain une main sur mon épaule ..... C'était Coachette

Et le coach dans tout ça ? A LA RAMASSE !!!!!!!!!!!!! Mais non c'est la faute d'une vieille blessure de guerre rassure toi ;) ;) ;)

Toujours très rassurant et motivant c'est sur SES mots (et ceux de Coachette) que j'ai enfin trouvé la force de passer cette foutue ligne d'arrivée au bout de plus de 4h 15 (à peu près) d'efforts abominables.

ET ENFIN LE RESTO ....... Au menu cote de bœuf........ " Bisteca "en Italien (1,2 Kg s'il vous plait.....) Et pâtes italiennes MMMUUUUUUUMMMM

Je tiens à remercier l'ensemble des participants et mentions spéciales à GG et Nath qui nous ont encore donnés une belle leçon  ........

Quand à Stephan je préfère ne pas aborder le sujet ........ Trop compliqué ce garçon ;) :):):):)

Et enfin un grand merci à mon pilote sans qui rien de tout ça ne serait arrivé .....

Nath 

Je voulais visiter Florence en novembre, et j'ai - pas vraiment - visité Florence en novembre ! Ou alors, au pas de course entre les km 32 et 41,9 quand je craignais que mes jambes ne se transforment en marbre  à l'instar de celles des statues entraperçues alors que je comptais mes pas, me répétant le mantra que Gégé m'avait appris entre les km 5 et 32 :"chaque pas est un pas en moins".Bon, je ne les ai pas tous comptés - mes pas - car je me suis embrouillée mais au final on s'est bien - presque - tous retrouvés au pied du lion et le soir chez Zaza où ont défilé les côtes (de bœuf), les pavés (de thon) et les pantoufles (euh, non les chaussons). Rien de tel que la cucina fiorentina (rien à voir avec the cooking way of life new yorkais) pour vous remettre d'aplomb une troupe d'EP13 post marathon.


PS : les T shirts par contre sont vraiment moches comparé aux new yorkais, et même comparés à rien du tout : les italiens peuvent aller se rhabiller !

Steph 

FLORENCE BITCH

Avis aux lecteurs : Certaines parties du texte original ont été volontairement censurées.

Vendredi 27 novembre 2015. Marseille. Quartier des 5 avenues. 5h30.
L’alarme de mon téléphone m'hurle de me lever. Trop loin, trop faible, pas encore.
5h47. Je sursaute. Je me lève.
Un verre d’eau. Quatre tranches de quatre-quarts. Trois clopes. 50 pompes. ½ rail de coke. Une douche. Un sac avec des fringues. Mes pompes de sport. Mon bermuda multitâche.
Me voilà paré pour Florence........(partie censurée avec Rosalita)
6h43. J’envoie un sms au coach pour le rassurer : « Je pars, à tout de suite ! »
Dans le métro, les gens ont des têtes de médicaments. Je me demande s’ils sourient quand ils se brûlent.
7 heures passées. La bouche de la RTM me recrache Boulevard Perier.
Au loin, une voiture en warning. A côté, la coachette fait les cents pas. Je crois que j’accuse un léger retard.
Ma clope écrasée, je m’engouffre dans l’habitacle et tombe face à face avec Toad* : « Salut, moi c’est GG ! »
Un bonnet de laine enfoncé jusqu’aux maxillaires, un sourire à la Fernandel et des yeux montés sur rotule… Une première question hante mon esprit. Comment stocke-t-on autant d’énergie dans un si petit corps ?
Au volant, Coach Marco rumine mon retard. Quelques minutes plus loin, Nath nous rejoint. Cap sur l’Italie. Une heure de route. Mon esprit vagabonde dans le décor de la côte bleue.
Un panneau Saint-Laurent du Var m’arrache à mes rêveries.
Besoin d’une clope, besoin de finir le ½ rail de coke qui traîne son ennui dans ma poche de chemise, besoin de m’isoler.
De son côté, le coach veut continuer à rouler. Pas de souci. Je lance la mutinerie.
Moi (en regardant Nath et Toad) : « Ohhh, vous n’avez pas envie de pisser ? »
Eux (en chœur) : « Oui, ça commence à presser ».
Manque plus qu’à associer la coachette à notre insurrection et dix minutes plus tard, notre carrosse bifurque vers l’air de repos.
Stéphan 1, Coach 0.
2 clopes. ½ rail de coke dans le moteur. Un bain de soleil et un pipi pour la vidange.
Me voilà ragaillardi. Retour dans la voiture.
Moi : « Vous connaissez le jeu des 5 ? »
Eux : « Non… »
Et voilà le club des cinq reformé le temps d’un week-end. Rires. Vannes. L’ambiance est bien plus cool que je ne l’aurais imaginée. Un peu plus et je me réconcilierai avec l’humanité.
Notre DeLorean transperce deux, trois montagnes. L’Italie et toutes ses promesses d’aventures s’offrent à nous.
La démocratie a tranché, on décide d’aller goûter le café de nos voisins liguriens.
Mes compagnons sont le nez dans leurs breuvages. J’entreprends un cours de langues avec la barmaid. Casquette sur la tête, tablier serré sous lequel on devine de gros seins pommelés, lèvres charnues et yeux en amandes… la froideur du visage d’Andrea s’efface pour un large sourire quand je lui lance un « Per favore » à l’accent parisien.
Grâce à la belle, je me sens l’âme d’un polyglotte. Mais nous devons déjà repartir et le mari d’Andrea sorti de nulle part me fait comprendre d’un signe de tête que je ferai bien de rejoindre mes amis sur le parking.
Triste de quitter ma prof, je rentre dans la voiture et décide de faire le reste du trajet avec ma musique pour seule compagne.
Vroum. Vroum. Pouic. Pouic. Tut. Tut.
17h. Notre auto pénètre les contreforts de Florence. Le ciel est gris, les murs aussi.
Pas vraiment l’image que j’avais de la Toscane.
Une fois à la gare, je quitte mes amis et saute dans un taxi pour regagner mon Hilton Metropole où une fastueuse chambre king size n’attend que moi et tous mes vices.
Check in.
Le réceptionniste : « Mister Rafaélé, wellcome to the Hilton Metropole. 
Did you had a nice flight ? »
Moi : « Laisse tomber Massimo, j’parle pas anglais et j’suis venu en caisse. Fais péter les clefs de la chambre. »
Le réceptionniste (l’air d’une poule face à un râteau): « ? »
Moi : « The key little boy… »
Le réceptionniste : « Room 304. Enjoy your stay »
Moi : « Merci kiki. »
Déballage des valises. Attaque du mini bar. 2 whiskys coca et saut sous la douche.
19h40. Je m’engouffre dans un taxi. Direction l’aéroport. Il me faut récupérer la jeune femme avec qui je compte passer ce séjour florentin. Son prénom ? Awa.
Dès le début, j’aurais dû me douter que c’était une mauvaise idée. D’ailleurs, le coach m’avait prévenu : « Tu ferais mieux de venir seul ou de venir avec ta femme… Au moins, tu serais concentré sur ton marathon. »
En plus Awa, c’est couillon comme prénom, ça se lit de la même manière à l’endroit comme à l’envers. Je sentais bien que toute cette affaire allait sacrément manquer de relief.
Le taxi pile devant la porte des Arrivées de l’aéroport. Seule, debout dans le vent glacé de Florence, du haut de ses longues jambes interminables Awa me toise en mode vénère.
Je me rends compte que je n’ai pas rattrapé mon retard de ce matin.
Moi (en récupérant son ENORME valise rose) : « T’as mis tes cousins là-dedans ? »
Elle (en scrollant nerveusement son téléphone) : « Franchement, c’est un manque de respect de me laisser poiroter plus de 20 minutes dans le froid. »
Moi : « T’inquiète p’tite, je me rattraperai tout à l’heure. »
Retour à l’hôtel. Elle envisage de ranger toutes ses affaires. J’entreprends d’explorer le bar de la réception.
45 minutes et 3 whiskys plus tard, je remonte dans la chambre.
La tension est à son comble. Awa a égaré son iPad.
Moi : « Passionnant, on va bouffer ? »
Elle : « J’appelle ma sœur pour qu’elle aille récupérer les clefs de ma chambre chez ma copine et qu’elle vérifie que j’ai bien oublié l’iPad à Paris. »
Moi : « Pourquoi t’as pas filé les clefs de ta chambre à ta sœur ? »
Elle : « Parce que je ne veux pas qu’elle aille fouiner en mon absence. »
Moi : « Charmant… »
Après 2h de palabres entre Florence et Paris, de larmes et d’angoisses pour la ridicule tablette, nous pénétrons enfin dans la grande salle vide du restaurant de l’hôtel.
Normal, il est 22 heures passées.
Tandis que nous jetons un sort aux Hilton Burgers, elle me raconte ses péripéties amoureuses avec Philippe de la Nouvelle Star 2013. D’un coup, je me sens effroyablement vieux. Dire que j’avais connu Awa alors qu’elle dansait dans les clips de Beyonce et la voilà à la ramasse d’un tocard décérébré d’une énième télé réalité. J’étais confortablement installé dans le trou du cul de l’enfer et je m’y complaisais.
Moi : « On va se coucher ? »
Elle : « Ok ! »
Ni une, ni deux je me faxe nu entre les draps de coton de notre king size bed. J’allume la TV et reste bloqué sur un épisode de Castle en italien.
Awa sort de la salle de bain avec bas de pantalon et t-shirt léger.
Moi : « T’as cru que je t’avais invité à Florence pour une pijama party ? »
Elle : « Je suis amoureuse. Laisse-moi. »
Moi (rires sarcastiques) : « Pas de problème. »
Elle : « Lundi, je règlerai mon histoire avec Philippe. »
Moi : « Tant mieux… »
Elle : « Y a pas autre chose à la TV ? J’y comprends rien à l’Italien. »
Moi : « T’as qu’à faire comme moi, tu prends un air inspiré en regardant l’écran et t’auras l’air moins conne… »
Elle : « Trouve autre chose, s’il te plait. »
D’un bon, je me lève. Saisis mon ordinateur et le lui tends.
Moi : « Va sur mon site de streaming, tu as toutes les séries que tu veux. »
Quelques minutes plus tard, j’entends la musique d’un générique qui m’est familier mais qui ne me dit rien qui vaille. Et merde, Les Frères Scott. 
Je suis bien, prêt à tourner de l’œil, quand une main vient saisir le haut de ma hanche.
…..(partie censurée) je décide d’aller me griller une ultime clope à la réception.
Dehors, à côté du cendrier géant, Massimo reluque ma dégaine : Sweat à capuche, caleçon-boxer et bottines. On ne peut pas dire que je cadre avec le standing de l’établissement. Mais bon, la loose ça se cultive.
Lui : « Cute girl ! »
Visiblement, Massimo est resté bloqué sur l’arrivée d’Awa à l’hôtel. Quand nous avons passé les portes automatiques son menton touchait le comptoir et ses yeux accompagnaient chacun des pas de la belle.
Moi : « Mec, les jolies filles, c’est pas les plus marrantes. Tu vois, ce soir, j’avais Jenna de Rosnay dans mon lit, ben moi, j’ai fait l’amour à sa planche ! »
Lui (l’air d’une poule face à un râteau) x 2 : « ? »
Moi (en jetant d’une chiquenaude ma cigarette dans le gazon bien entretenu) : « Yes, yes cute girl ! »
RIDEAU.
Samedi 28 novembre. Veille du marathon.
Pas grand-chose à raconter. Enfin si, toute la matinée j’ai tenté d’intéresser Awa à l’architecture. Le bide. Son kiff ? Réaliser des selfies.
On mange un plat, une photo. Un taxi passe, une photo. Un chiard éternue, une photo. J’fais pipi en Italie, une photo. A croire que toute la technologie qui nous relie nous déconnecte un peu plus de la réalité. C’est vraiment con une meuf équipée d’un smartphone. J’aurais dû écouter le coach.
Heureusement, j’ai retrouvé mon groupe de marathoniens qui s’est agrandi : Christophe et Philippe sont désormais parmi nous. On part déjeuner au marché, les plats sont savoureux. Y a comme un petit air de colonie de vacances. Bouffée d’oxygène.
Mais le pire reste à venir.
20 heures. Alors qu’Awa s’apprête à payer une ultime connerie repérée chez Sephora, elle se rend compte qu’elle a égaré son portefeuille avec carte de crédits, pièces d’identité, permis de conduire etc.
Et vas-y que je te refais tous les magasins visités plus tôt dans la journée, la tournée des vendeurs à la sauvette, les flics du centre-ville, les flics de la gare.
Et l’autre qui me surine que c’est de ma faute car je ne suis pas assez collé à elle pendant notre interminable séance de lèche vitrine.
censure
Retour à la case hôtel.
1h15 du mat. Je me désape et m’étend de tout mon long sur les couvertures du lit.
Je ne veux surtout pas qu’elle me touche. Awa, l’overdose.
Elle : « J’ai faim. »
Moi : « Je t’ai proposée de bouffer avant de quitter le centre-ville, t’as refusé. Je te laisse le kit kat du mini bar. Laisse-moi dormir, demain je me lève tôt, il paraît que j’ai un marathon. »
2h10. Je ne trouve toujours pas le sommeil. Les frères Scott s’en donnent à cœur joie et Peyton a été droguée par un mec qui a tenté d’abuser d’elle. Sont cons ces scénaristes américains.
Sur ces entre faits, je chavire enfin.
Dimanche 29 novembre. Jour du Marathon.
L’alarme de mon portable sonne. Je me réveille gelé ! Dans la courte nuit, le chauffage s’est arrêté, j’ai la goutte au nez et les tétons qui pointent.
Je file direct au petit dej. 4 tranches de gâteaux au yaourt-2 clopes-un grand verre d’eau-un tour aux toilettes-la douche et me voilà à la réception en train d’attendre mon taxi.
Le carrosse arrive. J’écrase ma clope.
Moi : « Vous parlez français ? »
Lui (bonhomie à la Beppe Grillo**) : « Ma, un petit peu… »
Moi : « Vous savez où se trouve le départ du marathon ? »
Lui (incrédule) : « Vous fumez et vous faites le marathon ? »
Moi : « Oui, enfin, je ne fume pas pendant la course. »
Lui : « Vous, les français, vous êtes fous. Nous y serons dans 20 minutes environ.»
Moi : « Ça tombe bien, le départ est dans 25 min. »
Après un détour de quelques kilomètres, mon taxi me dépose sur un pont non loin du départ. Des coureurs bariolés s’activent dans tous les sens. Un détour dans les bois pour un ultime pissou et je me mets en quête de trouver l’entrée de cette gigantesque chenille humaine.
J’arrive devant la porte de mon corridor (3h30-4h), une queue de plusieurs mètres me dissuade d’attendre. Plus haut, je vois des participants qui parviennent à s’engouffrer dans la bête. Au-dessus de la porte, un écriteau indique : 2h30-3h. Alors que je fais mine de vouloir lui montrer mon dossard, le commissaire de course me fait signe d’entrer rapidement. Je mets mon casque sur la tête. Dans mes oreilles, « Great gig in the sky » des Pink Floyd. Quel meilleur hymne pour un départ ?
3 notes de piano et la marée humaine se met à tanguer. Devant moi, les coureurs partent en sprintant. On dirait des marsupilamis qui viennent d’être relâchés après des mois de captivité. D’entrée, il faut que je suive la cadence car les marathoniens coincés à contempler mon cul s’impatientent.
Malgré mon interminable journée de la veille, je me sens plutôt en forme. Les sensations sont bonnes, la musique est cool et les Florentins ont l’air joyeux de voir défiler des milliers de tarzizous en short. Je passe le temps en regardant la dégaine des coureurs qui m’entourent. D’un coup, un polonais fait une sortie de route. Il s’arrête dans l’herbe, baisse son short, s’accroupi, chie en spray et repart l’air de rien.
Dans ma tête : « Merde, mais c’était quoi ça ?! Je croyais que les coureurs étaient des personnes éduquées… »
Pas le temps de m’attarder.
20ème kilomètre. Première douleur aiguë dans le genou droit. Je connais cette douleur. Je l’ai déjà ressentie aux FRACS. Si j’accélère, je sais que ça va passer.
Dans la cité historique, les gamins nous tendent la main pour checker avec nous. Je décide de ne pas en louper un. Un marathon c’est long, faut bien s’occuper.
21ème km. Ravitaillement avec bouffe, boisson et tutii quanti ! Je décide de faire une pause pour reposer mon genou et d’en profiter pour prendre un vrai petit déj.
A partir de là, je n’arriverai jamais à retrouver mon rythme.
25ème km. Extinction des lumières. Mon genou n’arrive plus à arquer. Je claque des dents et des maux de ventre m’invitent à faire un détour par la case toilettes. Putain, j’ai l’impression d’être un junkie en manque.
C’est décidé, je quitte la course devant deux Mamas italiennes qui prient pour moi, San Marco, le saint patron des coureurs égarés. Les deux grenouilles de bénitier rangent fissa leurs chapelets quand elles se rendent compte que je me suis allumé une cigarette à peine sorti du circuit.
Retour à la case Hôtel, bien décidé à profiter de mon dimanche après-midi pour me reposer.
Je lâche 100 euros à la petite Awa pour qu’elle file vers le centre-ville en quête de son portefeuille. Dans la foulée, je prie Cupidon pour qu’elle rencontre un bel italien.
14h. Enfin seul !
Je m’allonge de tout mon long. Humm… Le silence. Je sens mon corps partir.
ZZZZZZZZZZZRRRRRRRRRRRR. La femme de ménage entre dans la chambre.
Dans ma tête : « Merde, mais j’ai dû étrangler des chatons dans une vie antérieure pour avoir un karma pareil !!! »
Je file au bar, commande deux whiskys et deux clubs sandwichs.
La serveuse : « je vous sers de suite où j’attends que votre ami arrive. »
Moi : « non, c’est pour moi. Vous pouvez tout apporter. »
15h45. Je peux enfin regagner ma chambre.
Une petite douche et je me glisse dans le grand lit qui n’attendait que moi.
1h… 2h… Je n’arrive pas à dormir.
Je me retape l’épisode de Castle vu l’avant-veille mais cette fois-ci en anglais.
Je ne sais pas si c’est le whisky mais j’entrave que dalle.
18h30. Merde. Je dois me préparer. J’ai rendez-vous avec le reste de l’équipe dans un restaurant du centre-ville. Avant, je dois récupérer Awa, en espérant qu’elle n’est pas déclenchée une nouvelle catastrophe.
Taxi. Centre-ville. Récupération d’Awa place Don Marmotto. Direction chez « Zsa-Zsa ».
Heureux de retrouver les visages marqués mais détendus de mes partenaires de courses.
La calzone est bonne, les vannes sont drôles et les limoncellos ont des allures de Montecito… de quoi arracher un rire tonitruant à l’une des serveuses.
22h. c’est l’heure des adieux. Un peu triste de lâcher la bande si tôt.
Avec Awa, nous nous mettons en quête d’un pub, histoire d’instaurer une trêve dans nos relations houleuses.
Rideau.
Lundi. Jour du départ.
La veille, j’avais briefé Awa.
Moi : « Jusque-là, notre séjour a été merdique mais on peut encore se rattraper. On va à 9h au consulat de France pour tes papiers et nous aurons deux bonnes heures pour acheter des souvenirs à nos proches et partager un dernier bon resto. Ok ? »
C’est son petit oui qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
8h30. Ma valise est bouclée. Une demi-heure plus tôt je suis passé à la réception faire le check-out. Je me sentais léger et heureux prêt à rendre une dernière visite à la capitale toscane.
Retour à la chambre pour voir où en est Awa. SHIIIIIIIIIIIIIIIIIIT !
Elle (en boubou allongée sur le lit en train de scroller son téléphone) : « J’ai mis une vidéo de la piscine de l’hôtel et j’ai commenté en disant bonne semaine les gens. Elle a trop cartonné, ils sont deg !!! Je descends prendre mon petit dej, je me douche et je fais ma valise. J’en ai pour une demi-heure maxi. »
11h. Nous sommes enfin dans notre taxi. Ma mâchoire est tellement contractée que je ne réponds plus que par oui ou par non.
11h30. Awa tient absolument à repasser par le poste de police pour voir si par un incroyable hasard son portefeuille aurait atterri au commissariat. Choux blanc.
De mon côté, c’est le voile rouge. J’ai tellement de colère en moi que je fume mes Marlboro jusqu’au filtre.
12h15. Awa pénètre dans le consulat. Je ne peux tellement plus la supporter que je la laisse monter seule les marches du magnifique hôtel particulier. Sous l’emprise de sa quête du portefeuille perdu, elle ne remarque pas que je ne la suis pas.
C’est décidé, je me casse.
Libre comme l’air, je déambule dans les rues de Florence. D’un coup, je suis frappé par la beauté des rues, des murs, du quartier des antiquaires.
J’achète tout ce que je trouve joli. Je déjeune dans un petit restaurant. Je suis seul et je suis bien !
13h30. Il est temps de prendre un taxi. Je dois passer à l’hôtel pour récupérer mes bagages avant de me rendre à l’aéroport pour 14h.
Tilt : « Merde, j’ai oublié Awa. »
Mon téléphone pro ne passant pas à l’étranger, je ne peux la contacter que par Skype via le Wi-Fi.
13h45. Je suis dans le hall de l’hôtel et j’appelle Awa sur Skype.
Elle (en colère) : « Merde, mais t’étais où ? Je suis toute seule à l’étranger, j’ai pas d’argent et toi, tu te casses sans prévenir… »
Moi (d’un calme olympien) : « T’as 15 minutes pour arriver à l’hôtel sans quoi je pars seul pour Paris. »
Je raccroche. Elle m’appelle 5 fois. Je décide de ne pas répondre.
20 minutes plus tard. Le taxi d’Awa débarque dans la cour de l’Hôtel. J’enfourne nos bagages dans le coffre.
Tandis que nous roulons à toute allure vers l’aéroport, Awa semble m’invectiver. Je n’entends rien. J’ai mon casque sur les oreilles, Jonas Koffman dégueule ses tripes sur Nessun dorma de Puccini. Plus Awa s’énerve, plus je lui souris.
Idem dans l’avion qui nous ramène à Paris.
Unique pause musicale lorsque je commande trois whiskys à l’hôtel de l’air.
Moi (en regardant l’hôtesse avec les yeux de l’amour) : « L’un pour encaisser le décollage, le deuxième pour le vol et le troisième pour préparer l’atterrissage. »
Ca la fait marrer mais elle me soulage quand même de 15euros10.
18h. Nous sommes dans le hall des arrivées de l’aéroport d’Orly.
Je me tourne d’un coup vers Awa.
Moi (libre, détendu et un peu saoul) : « T’as vu, nous sommes à Paris. Comme promis, je t’ai ramenée saine et sauve. Voici 20 euros pour prendre ton RER. Sache que je ferai tout pour que l’on ne se revoie plus jamais. »
Je l’embrasse sur le front avant de prendre un taxi en direction de Gare de Lyon.
Minuit. Il fait doux dans les rues de Marseille.
Assise, sur les marches en pierre de mon immeuble, Rosalita esquisse un sourire lorsque mon regard croise le sien. Après ce long week-end, je me dis que le bonheur est vraiment un astre volage.
Alors qu’elle monte les escaliers, je la suis en contemplant la danse provocatrice de son postérieur conquérant.
Elle : « Alors, ce week-end Daddy ? »
Moi : « L’enfer… J’aurais dû écouter mon coach. »
Elle : « T’étais où déjà ? »
Moi : « A Florence… Bitch ! »

   
*Homme champignon, personnage du jeu vidéo « Mario Kart »
**Beppe Grillo est un humoriste, acteur, bloggeur et militant politique… Sorte de Coluche italien.

Marcoach : le mot de la fin

Difficile de passer après Stéphan, mais je tenais à conserver le mot de la fin pour vous exprimer toute ma reconnaissance pour le soutien que vous m'avez apporté ces derniers mois.


Le marathon de Florence a été pour moi le marathon des émotions. Je revenais, en effet, sur Marathon après 18 mois terribles et même si le résultat n'a pas du tout été au rendez-vous, j'en garderais un merveilleux souvenir car il était chargé d'émotions : c’était en Italie, mon pays natal, dans une ville splendide, le parcours était beau et très plat, la météo clémente et la bouffe italienne toujours un régal.


Si j'ai terminé ce marathon, je le dois à Véro qui m'a soutenu jusqu'au bout et à ma fille, qui, de là-haut m'a donné la force d'arracher la médaille. Je la lui dédie.


C’était un bon moment partagé, je peux le dire avec des amis : Philippe, Gégé, Nathalie, Christophe, Stéphan et bien sûr, Véro.


Merci à vous tous de m'avoir fait vivre de tels instants.

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Commentaires: 3
  • #1

    un fan (lundi, 14 décembre 2015 17:41)

    Fasciné par la plume tarabiscotée de l'ogre, subjugué par le style de La Fée et maintenant captivé par la finesse de barbe rousse, à quand un bouquin sur les aventures d'EP13 ?

  • #2

    Kinette (mercredi, 16 décembre 2015 13:02)

    Bravo à tous ! Visiblement une expérience forte à chaque fois pleine d'émotions;
    Vos commentaires m ont fait voyagé , plus particulièrement dans le cerveau de Stéphan ;) si je puis dire...

  • #3

    il culo (jeudi, 17 décembre 2015 16:00)

    30km con le gambe, 10km con la testa , 2 km con il cuore et 195 m con le lacrime... e mi ?